Entre droit et culture, l’exploitation sexuelle en procès

Ce texte porte sur le traitement pénal du proxénétisme aggravé et de la traite des êtres humains. Il part d’un double constat : forte proportion d’étrangères d’étrangers parmi les personnes mises en cause victimes d’une part, mobilisation grille lecture « culturaliste » l’infraction par acteurs droit, d’autre part. Je propose donc d’analyser, à partir d’observations d’audiences chambre correctionnelle d’entretiens conduits avec avocats défense magistrats, quelles fonctions remplissent, dans construction vérité l’audience production jugement, convocation récurrente l’origine justiciables, culture censée découler. S’il ne vise pas objectiver statistiquement éventuelles variations peines pour une même infraction fonction notamment prévenus, matériau ethnographique mobilisé ici permet toutefois montrer comment, l’appréhension juridique flottante prostitution France, vient se greffer un ensemble normes extra-juridiques affermissant contours figures proxénète victime d’exploitation sexuelle. M’inscrivant perspectives recherche ouvertes travaux sentencing comme ceux gender and judging, je pose l’hypothèse que telle qu’elle trouve s’exprimer procès exploitation sexuelle impliquant étrangers relayer, sous forme apparemment euphémisée, stéréotypes genre race qui naturalisent différence, renforçant ainsi rapports domination. Plus largement, opèrent révélateur logiques d’État montrant combien préservation l’ordre public national promue l’institution judiciaire prend appui perpétuation ordre moral genré sexuel.